9 avril 2020,

René Villemure, éthicien reconnu mondialement, vous propose de découvrir ce jour sa réflexion sur les temps actuels.

Crise et sortie de crise

Crise, le mot est issu du latin crisis, puis, crisin. 

Le terme a surtout été utilisé en médecine afin de désigner la phase décisive d’une maladie; en grec, le krisis désignait d’ailleurs le jugement qui permet une décision, mais, élevons le regard et tentons de voir un peu plus haut afin de comprendre ce concept. 

Qu’ont en commun la crise médicale, la crise de l’adolescence et la crise de nerf? Le dénominateur commun est que, dans ces circonstances, la crise est le moment où l’on ne se reconnaît plus soi-même. En crise, soi-même devient un autre, soi-même est un autre. C’est à la perte de contact de soi à soi que l’on reconnaît une crise. C’est d’ailleurs ce qui a donné naissance  à des expressions telles « on reconnaît un leader en temps de crise », c’est-à-dire qu’il continue à être lui ou elle même.

La seule solution à une crise consiste en la re-connexion avec soi-même; cette re-connexion ne pourra être établie que par le contact avec les autres, ces autres qui nous ramèneront à nous-mêmes. 

C’est pourquoi, en temps de crise, les valeurs de solidarité et de coopération sont fondamentales. Ce sont ces valeurs qui permettent à tous de se reconnecter, de se reconnaître eux-mêmes et ainsi sortir de crise. 

Pour sortir de crise, il faut être ensemble. De venir ensemble, re-devenir ensemble, être ensemble. 

Lors d’une crise sociale comme celle du COVID, il est fondamental de connecter avec les autres, afin d’éviter une crise tant pour soi que pour les autres mais, surtout, afin que tous puissent sortir de crise.

L’éthique, c’est un peu moins de soi et un peu plus des autres.

Le monde change

Rien n’est permanent, nous le savons tous. 

La Terre tourne et le progrès technologique nous pousse à croire que nous serons bientôt éternels, mais, même si je sais que le monde change, je ne l’avais jamais vu changer, en direct, d’une manière si brutale. 

Dans le monde d’hier, les banquiers d’affaires et les juristes décidaient du sort du monde.

Aujourd’hui, ce sont les soignants, les bénévoles et tous ceux qui évoluent dans la chaîne alimentaire qui sont nos héros.

Ce revirement est consécutif à un choc, celui d’une rencontre entre l’infiniment petit et l’humain, rappelant à ce dernier qu’il n’est pas maître au monde et que la seule égalité véritable est celle de la vulnérabilité devant la maladie. 

Outre son défi sanitaire évident, la crise actuelle constitue une formidable opportunité de se recentrer sur des valeurs collectives, de mieux comprendre la place que l’on occupe dans le monde mais, surtout, que personne n’est une île et que notre sort dépend des autres. De notre voisin comme de l’habitant d’un pays à 10 000 kms.

L’éthique, c’est avant tout une discussion avec l’autre.

Misons sur nos ressemblances plutôt que sur nos différences.   

Soudainement, le rideau est tombé

J’étais devant quelques centaines de personnes, à prononcer une conférence sur la qualité du cœur qu’est le courage lorsque la nouvelle est tombée. Les téléphones mobiles se sont mis à vibrer, les participants lisaient les nouvelles en direct et apprenaient que la situation était grave. Il y avant dans la salle un air de 11 septembre 2001. Sans que personne ne le dise, la conférence était terminée. Tous voulaient partir, tous sont partis. Le rideau est tombé.

En un moment, tout a basculé, le monde venait de changer et nous en étions témoins. 

La seule urgence est actuellement de préserver la vie du plus grand nombre; mais je crois qu’en second lieu, les philosophes doivent [re]prendre la place qui leur revient afin d’aider les gouvernants, les entreprises et les citoyens à réfléchir sur le sens à donner à notre vie. Maintenant plus que jamais, il faut se poser la  première question philosophique : « Est-ce ainsi que l’on veut vivre? ».

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