20 avril 2020, Véronique Bicheray, conférencière, artiste lyrique, professeur de chant et experte présence, confiance et impact, vous présente sa réflexion sur les temps que nous traversons.

Je voudrais confiner en paix.

Écrire et rendre publique sa propre pensée sur le droit à la disparition soulève un paradoxe de fond inhérent, de mon point de vue, à la condition humaine qui est d’assumer de concert, sa quête intérieure et son action dans la société. J’expose dans ce texte une réflexion sur moi-même, comme un apport contributif, pour qui veut le lire, à la société qui m’accueille. Une pensée dé-confinée, issue paradoxalement de ma propre inquiétude à disparaître…

N’y a-t-il pas finalement, pendant cette période confinée, autant d’agitation, médiatique essentiellement, et d’injonctions numériques à obligatoirement rester connectés ?
Je ressens une véritable course de l’humain à surtout ne pas disparaître de la toile, alors qu’il a disparu des lieux publics. L’angoisse de la disparition. Si je me tais, je coupe le lien extérieur.
Combien de sollicitations ai-je reçues pour réfléchir à la transmission d’un contenu via les technologies de communication pour ne pas couper le lien ? La pandémie réveille brutalement la peur de demain que le confort des sociétés développées avait ramollie. Certes, l’humanité devra être au rendez-vous de l’après Covid 19, une opportunité d’évolution collective urgente et exigeante. Nous verrons demain. Aujourd’hui, nous sommes plus de trois milliards d’individus confrontés à l’angoisse, parfois sourde, de notre isolement, à l’intimité de notre solitude.

L’heure actuelle est à la voix en nous du silence originel.

Oser être rare c’est se reconnaître précieux. Être précieux à soi-même. Être conscient de sa singularité fondamentale qui rend chacun indispensable à la mosaïque humaine.
Oser être rare, c’est explorer la confiance. Tant celle que l’on a en soi-même que celle que l’on inspire aux autres.
Être en silence c’est créer une caisse de résonance en soi, un vide qui va pouvoir accueillir pour l’amplifier la clarté de notre voix en nous, et également accorder une place à la voix de chacun.
Créer en soi l’espace indispensable à la propagation de l’écho du monde, sans confusion ni oppression.
De la même façon, sans le tumulte de l’urgence, nos belles cités confinées retrouvent leur spatiale et silencieuse majesté telles que quelques personnages les ont imaginées dans le silence solitaire de leur créativité et de leur idéal du vivre ensemble.
Vivre ensemble, ce n’est pas brouiller les pistes de l’altérité. Pour la bonne marche de la tribu, nous sommes environ sept milliards, il me semble vital de re-sentir en chacun de nous un espace de disponibilité, d’émergence créative, d’intuition et d’accueil.

Je voudrais confiner en paix.

Le silence donc. Se taire, et par là même, rendre tangible l’espace que la voix, faite rare, va fendre et pénétrer, telle l’étrave d’un navire en pleine mer(*voir bas de page).
La voix humaine. Mon point d’aboutissement invariable, profond, puissant, vibrant et résonnant, vitale jubilation !

La Voix silencieuse accompagne chacun dans son confinement, sa plongée au cœur soi.

En effet, quand je pense, je me parle, au sens propre du terme(**). De même, si on imagine quelqu’un de connu parler, c’est sa voix qui nous parvient. Notre cerveau non seulement mémorise l’empreinte vibratoire de la voix, mais il la recrée à loisir. Notre voix est notre identité la plus intime et profonde. Elle est une présence à soi permanente, ainsi qu’une présence à soi et au monde lorsqu’elle devient sonore, qu’elle devient parole. La voix devient alors présence intellectuelle par le langage et présence physique par la vibration. Bien souvent le diseur préoccupé uniquement de son discours meuble le silence par une profusion de langage, logorrhée banalisante de sa personnalité. L’orateur, en revanche, par sa « voix incarnée » manifeste sa singulière présence résonnante comme une étincelle éclairant le silence. Il est rare. Il est précieux. Il est fulgurant, caractérisant ainsi sa pensée : rare, précieuse, fulgurante. Il interpelle alors par sa transcendance, ajustement parfaitement congruent de la verticalité de sa présence, sa pensée et son discours.

Notre Voix est unique et indélébile. Dès notre premier souffle elle grave notre singularité dans la mémoire du monde. En approfondir la conscience et l’affirmation dans sa vie participe grandement à la légitimité simple d’être à sa place au cœur de l’altérité humaine.
Dans ce contact intime avec moi-même, je suis à ma place. J’occupe sereinement et avec conviction l’espace et le temps.

Voici établie la paix de mon confinement et mon souhait pour demain que chacun accède à la douce, assurée, assurante et pénétrante évidence de son immanence.

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* : Mon père ayant été capitaine de navire, l’imagerie maritime, loin d’être un simple élément de langage lyrique, est puissamment inscrite dans la représentation de mes ressentis.

** : Ceux qui le souhaitent peuvent aisément tenter l’expérience.Par exemple en lisant ce texte dans votre tête, si vous ne m’avez jamais entendue, c’est votre voix que vous entendez lire. Si vous lisez Victor Hugo c’est également votre voix que vous entendrez, on ne connaît pas la voix de Victor Hugo (c’est fort dommage…). Si vous lisez une lettre de votre enfant, d’un ami, de même que si vous l’imaginez parlant, vous pourrez entendre sa voix. Les représentations physiques et vocales vont de pair.

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