25 mars 2020 

Aujourd’hui, nous vous présentons la réflexion de Thierry Watelet, expert sur la prise de parole en public, sur ces moments que nous vivons mais aussi la conférence en découlant.

LEÇON N°1 – L’ABSENCE CREE LE DESIR…

Depuis trente ans, le virtuel est célébré.  Gloire aux sites, aux rencontres , aux achats en ligne, aux objets connectés.  

Le confinement où chacun est appelé à se tenir devient le royaume du virtuel.  Vous pouvez en consommer jusqu’à l’indigestion.  Le faites-vous ?

Pour la première fois, l’essentiel vous manque : la présence de l’autre.  Le toucher soyeux, la sensualité de la voix, la corpulence ou les courbes, la démarche, le regard et ces infimes inflexions de l’être en mouvement qui donne à la journée une âme et au temps de l’épaisseur. 

Cette absence crée le désir de l’autre dans un espace commun déserté.  

Le trop fameux « Celle-là, celui-là, je ne peux pas le sentir » nous manque.  Nous aimons en fin de compte ces colères rentrées venues de l’encombrement d’autrui.  Son ombre m’importune et son sourire me plaît.  Cet immense “en même temps” m’envahit.

A deux on se dispute, à trois, on chante.  Cela nous manque aussi.

Je rêve de ce jour lumineux où le confinement levé, nous nous retrouverons pour faire la fête et danser pour se toucher et frémir.  Rire pour se voir et se sentir vivant dans les yeux de l’autre.  

Le désir, c’est un tramway bondé, la nuit… 

Alors, veillez sur vous.  

Vous veillerez sur nous.

LEÇON N°2 : « LA RESPONSABILITE, LE VIRUS REHABILITERA »

L’indigent fut dès l’aube de notre ère la clef du salut pour le riche. 

La fortune exigeait de donner ici-bas pour connaître la félicité au-delà.  La charité et ses calculs prospérèrent.

Le vingtième siècle leur substitua la solidarité.  La communauté nationale puisait dans la richesse produite pour aider le démuni, le chômeur, le malade.  La responsabilité individuelle reculait devant chaque nouvelle prébende.  Jusqu’où ?

Jusqu’au Covid 19!  Aujourd’hui,   profession libérale, fonctionnaire, gueux ou milliardaire, manager ou employé, chacun face à la menace devient responsable de ses actes.  Pour soi et pour tous.  C’est la seule façon de se soigner : s’assumer.  Rien ne peut venir de l’extérieur.  Ni médicament, ni vaccin, ni dispositifs médicaux.

Ces flèches inversées rappellent Kennedy : « Ne vous demandez pas ce que le pays peut pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez pour votre pays ». 

J’aime cette inflexion biologique.  Elle donne naturellement la primauté à la responsabilité individuelle, passage obligé pour accéder à  la solidarité.  Le devoir d’abord.

Depuis le Neandertal, on l’avait un peu oublié.  Heureusement, les virus ont de la mémoire. 

Veillez sur vous.

Vous veillerez sur nous.

LEÇON N°3 : « LA VIE A L’ARGENT PREFERERAS »

L’argent, l’opulence, la consommation, ont conduit nos achats aveuglément depuis des décennies. Et nous avons dégradé la vie sur Terre. La biodiversité s’affaiblit. 

A la moitié de l’année, nous savons que nous avons consommé plus que le renouvelable disponible sur la planète. Nous savons, mais, nous ne faisons pas grand-chose…

Jusqu’au Covid 19 par qui le choix est arrivé : vivre comme avant et mourir ou abandonner toutes les prévisions de chiffres d’affaires et vivre. Nous avons choisi la vie. Avec l’armée dans le dos… Mais la vie quand même !

La primauté de la vie sur l’argent nous fera sans doute réévaluer nos priorités quand nous repenserons à la biodiversité et à la Terre.  Venise et d’autres capitales y rêvent déjà.  Car la même question se pose. Voulons-nous produire du CA à en mourir ou bien changer nos façons de produire et vivre ?

Je choisis la vie. Rien que pour l’exemple…

Veillez sur vous.

Vous veillerez sur nous.

LEÇON N°4 – « LES VERITES SCIENTIFIQUES SAUVENT, LES FAKE NEWS POLLUENT »

Au siècle dernier, il a fallu deux ans pour isoler le virus du Sida.  Le VIH a été identifié en janvier 1983 par les équipes du professeur Montagnier.  Le premier cas avait été observé en Californie deux années plus tôt.

Pourquoi un tel délai ?  Parce que les méthodes d’investigations biologiques reposaient sur des techniques lentes et lourdes.  Les immunologues, médecins, chercheurs, biologistes disposent aujourd’hui de procédés d’identifications moléculaires rapides.  En cinquante ans, la génomique a fait des bonds de géant.

Honorons sans cesse nos scientifiques, par l’émerveillement, la reconnaissance et les salaires.  Nous faut-il vraiment une crise mondiale pour les consulter, les croire et les applaudir ?   Enfin, des vérités scientifiques sont saluées !  Elles détruisent ces pauvres fakes news et autres minables inventions de complot.  Dresser le portrait-robot d’un nouveau virus prendra bientôt dix secondes, le même temps qu’un polaroïd.

Il nous faut aussi remercier les Chinois.  Le côté « bizarre » des pneumonies soudaines à Wuhan a déclenché leur curiosité, encouragé leurs rapides investigations, et permis en quelques jours l’identification du coronavirus.  Ils ont dressé sa carte d’identité et son origine.  

La communauté médicale mondiale a ensuite précisé les caractéristiques de la bestiole, évalué sa dangerosité, préconisé le traitement dans les cas graves et dessiné des stratégies de lutte nationale.  

Tout cela avec une vitesse un peu supérieure à la propagation du virus. 

Merci.  

Leur consigne ?  

Veillez sur vous.

Vous veillerez sur nous.

LEÇON N°5 : « L’EDUCATION NATIONALE REMERCIERAS »

18ème jour avec vos enfants… 18ème jour où vous vous attablez à leur côté pour apprendre une leçon, résoudre un problème, faire une dictée.  Vous les trouvez indisciplinés, inattentifs, désordonnés.  En un mot, ils sont parfois insupportables ! 

Ce sont les mêmes que les collèges et les lycées accueillent tous les jours pendant sept à huit heures.  Les mêmes que les professeurs accompagnent et font grandir.  Et ils peuvent être tout aussi insupportables ! 

Souvent nous accusons, nous pointons les faiblesses, les incohérences de l’Éducation Nationale et nous avons sans doute raison. 

Ne pourrions-nous pas aussi comprendre d’abord la fatigue du professeur, la solitude de l’enseignant près du tableau noir, son impatience à calmer le brouhaha, et sa volonté d’emmener toute sa classe tout au long d’un programme ? 

Reprendre un chemin d’autorité et d’ouverture, imposer des interdits et les assortir d’explications, bref se joindre à l’immense ambition de faire de nos enfants des adultes, serait sans doute un complément bienvenu pour le personnel enseignant. 

Le Covid-19 inverse les rôles, rallume les consciences, éclaire un peu plus nos responsabilités. 

Veillez sur vous.

Vous veillerez sur nous.   

LEÇON N°6 : L’ECOLE DES CHARTREUX

Avec le confinement, beaucoup découvre l’absence de tumulte et de mouvement.  Soudain s’imposent l’immobilité et le silence.  Un vide qui renvoie à soi-même.  Où l’on peut même écouter les choses ; où l’on peut même écouter la lune tourner si l’on tend bien l’oreille la nuit.  Enfin allégé des casques ou des oreillettes, on redécouvre le vent dans les feuillages et le battement d’aile des oiseaux. 

S’émerveiller commence par prendre le temps.  Le temps pour soi, sans urgence ni priorité.  Le temps d’une respiration.  Le temps de « se foutre la paix », comme disent si bien les maîtres de la méditation.  Vivre sans aucune autre préoccupation que de vivre.  

Et peut-être de laisser éclore ses pensées à l’ombre de grandes questions : « Quelles sont mes priorités ? », « Qu’est-ce qui me fait du bien ? », « Où se situe l’inconfort que je peux provoquer à autrui ? »

Chacun formulera ses propres questions et se rendra compte, en marchant que la pensée se discipline, qu’elle ne marche pas naturellement droit, qu’elle est habituée à surfer, à zigzaguer, à baguenauder plutôt qu’à approfondir.  Et qu’il y a un réel bonheur personnel à la maîtriser.

Pendant ce confinement, nous sommes à l’école des Chartreux.  Ils prient, au cœur du massif de la Grande Chartreuse, sur les hauts de Chambéry, depuis 1084, année de fondation de Saint Bruno. 

Ils se recueillent, apprivoisent le silence, échangent quand nécessaire, se tiennent à l’écart des grands tohu-bohu appelé Tv, radio ou Internet. 

Ils vivent ce que Christophe André explique par d’autres mots : la marche lente de l’homme avec le monde.  

C’est le premier pas vers la vie intérieure, l’écoute de soi, des autres.  Le berceau des solidarités. 

Veillez sur vous.

Vous veillerez sur nous.   

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